Paris est le département de loin le plus inégalitaire car la capitale abrite les ménages français les plus riches, mais aussi un très grand nombre de personnes pauvres. Les 10 % les plus riches y disposent de revenus minimums au moins 6,4 fois plus élevés que les plus modestes : les premiers gagnent au moins 6 000 euros par mois et les seconds au maximum 940 euros, soit 5 000 euros d’écart, selon les données 2021 de l’Insee.

Quatre autres départements d’Île-de-France figurent en haut du classement  : les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne, les Yvelines et la Seine-Saint-Denis. Ce dernier département y apparait car ses habitants les 10 % les plus pauvres disposent de revenus particulièrement bas (au maximum 770 euros par mois contre 1 000 euros pour la moyenne nationale) alors que les plus aisés des habitants de Seine-Saint-Denis disposent d’au moins 3 000 euros mensuels, soit près de quatre fois plus. En revanche, dans les Hauts-de-Seine, ce sont les plus aisés qui font grimper les inégalités  : ces derniers bénéficient de revenus mensuels d’au minimum 5 200 euros, cinq fois supérieurs au maximum des plus modestes (1 060 euros par mois). Les plus riches des Hauts-de-Seine gagnent au minimum environ 4 200 euros de plus par mois que les habitants les plus pauvres de ce département.

La Haute-Savoie, en quatrième position de notre classement, abrite également une population très riche, dont les revenus sont presque équivalents à ceux des 10 % les plus aisés des Hauts-de-Seine. Sa population la plus modeste dispose de revenus 4,3 fois moins élevés. Deux territoires d’outre-mer figurent aussi parmi les départements français les plus inégalitaires  : La Réunion et la Martinique. La pauvreté y est intense et côtoie une richesse détenue par une petite partie de la population  : les 10 % les plus riches disposent de revenus au minimum 4,3 plus élevés que les plus modestes. Seuls ces deux territoires d’outre-mer sont pris en compte dans les données de l’Insee. Compte tenu des niveaux de vie encore plus faibles de leur population, Mayotte, la Guyane, mais aussi la Guadeloupe dans une moindre mesure, entreraient très probablement dans ce classement des dix départements les plus inégalitaires si les données étaient disponibles.

Les inégalités de revenus selon les départements s’expliquent de deux manières  : parce que les riches sont très riches, comme à Paris et dans les Hauts-de-Seine, ou parce que les pauvres y sont particulièrement pauvres, comme en Seine-Saint-Denis et dans les DOM. Dans le premier cas, il s’agit de départements qui ont notamment attiré les cadres supérieurs aux hauts revenus et où sont implantés de nombreux centres de décision. Les prix de l’immobilier y sont élevés dans nombre de leurs communes, empêchant la population la moins favorisée de s’y installer. Dans le second cas, il s’agit de départements en grande difficulté économique qui accueillent une part plus importante de classes populaires, mais où les habitants riches sont malgré tout présents, même si leurs revenus n’atteignent pas des sommets comme à Paris, dans les Hauts-de-Seine ou encore en Haute-Savoie.

Les département les moins inégalitaires

La Vendée est le département le moins inégalitaire en termes de revenus. Les plus riches y disposent de revenus au moins 2,5 fois plus élevés que les plus modestes, soit « seulement » 1 800 euros de plus par mois, contre un écart moyen au niveau national de 2 400 euros. Au sein des dix départements les moins inégalitaires, le rapport entre les plus hauts et les plus bas revenus varie de 2,5 à près de trois. Sept autres départements de notre classement sont aussi situés dans l’ouest de la France (Mayenne, Manche, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Finistère, Côtes-d’Armor, Sarthe). La Haute-Loire, en région Auvergne-Rhône-Alpes, figure en troisième position des départements les moins inégalitaires, et la Haute-Saône, dans l’est de la France, au sixième rang.

Les revenus de la population de ces territoires sont plus homogènes que dans les départements les plus inégalitaires : les pauvres ne comptent pas parmi les plus modestes, les riches y sont un peu moins riches qu’ailleurs. Il s’agit de départements souvent dans une situation économique assez favorable. Ils n’ont, par exemple, soit pas connu une très forte désindustrialisation, soit, comme la Haute-Loire, ils bénéficient même d’une industrie florissante. Dans d’autres, au contraire, l’industrie n’a jamais beaucoup été implantée. Ces départements où les écarts de revenus ne sont pas marqués sont souvent également ceux qui n’accueillent qu’une faible proportion de population immigrée, en majorité modeste.

Photo / CC Cédric Chau

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