Le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (2,15 dollars par jour et par personne, l’équivalent de deux euros) a reculé d’1,3 milliard en trente ans, passant de deux milliards en 1992 à 713 millions en 2022, selon les estimations de la Banque mondiale. Une évolution d’autant plus impressionnante que la population mondiale a augmenté de 2,6 milliards d’individus sur la même période. Le taux d’extrême pauvreté a été divisé par quatre : 9 % de la population mondiale vit avec moins de 2,15 dollars par jour en 2022, contre 37 % en 1992.

En proportion de leur population, toutes les régions en développement ont vu l’extrême pauvreté reculer au cours des trente dernières années, alors même qu’elles sont confrontées à une pression démographique souvent considérable. En Asie de l’Est et Pacifique, la baisse est spectaculaire. Près d’un milliard de personnes étaient extrêmement pauvres en 1990, soit 65 % de la population. Elles sont aujourd’hui 20 millions, soit 1 % de la population (données 2019). La Chine et l’Indonésie sont les pays qui ont le plus largement contribué à ce phénomène. En Asie du Sud, la région qui comprend l’Inde notamment, la part de la population qui vit avec moins de deux euros par jour reste de 11 %, mais elle était de 50 % il y a trente ans.

L’Afrique subsaharienne – souvent présentée comme condamnée au sous-développement – voit son taux d’extrême pauvreté diminuer, même si le mouvement y est plus lent. La part de la population concernée a reculé de 18 points en 30 ans (37 % en 2019 contre 55 % en 1990). Mais le nombre de personnes extrêmement pauvres est passé de 282 millions en 1990 à 411 millions en 2019. Il continue d’y augmenter du fait de la hausse globale de la population. Aujourd’hui, 60 % de l’ensemble des personnes extrêmement pauvres dans le monde vivent en Afrique subsaharienne alors que, dans les années 1980, l’Asie de l’Est et Pacifique était la région la plus concernée.

Attention, depuis 2017 cependant, les progrès semblent à l’arrêt. La part de la population mondiale qui vit dans la plus grande misère ne baisse plus. En Asie du Sud, l’extrême pauvreté est même repartie à la hausse au moment de la crise sanitaire de 2020 et retrouve à peine son niveau antérieur [1]. Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, ce taux, qui était passé sous les 2 % en 2011, revient à 5 %, son niveau de 1995, du fait des ravages de la guerre en Syrie notamment.

Sortis de la pauvreté ?

Peut-on dire que toutes les personnes qui vivent avec plus de deux euros par jour ne sont pas pauvres ? Si l’on retenait un seuil à 6,85 dollars par jour (190 euros par mois), nos conclusions seraient très différentes : 3,6 milliards de personnes seraient concernés, soit près d’un habitant sur deux de la planète.

Le développement économique a permis de résorber le dénuement le plus extrême dans de nombreuses régions du monde, mais il n’a pas effacé la pauvreté, tant s’en faut. La sortie d’une économie de pure autosubsistance [2] d’une partie de la paysannerie des pays du Sud a accru leurs besoins monétaires. Les conditions de vie se sont améliorées dans de nombreux domaines (logement, alimentation, santé, éducation, etc.) mais, pour en bénéficier, il faut disposer d’un minimum de revenus. Dans les pays où les classes moyennes et aisées se sont enrichies, le fossé qui les sépare des populations les plus pauvres s’est souvent agrandi.

Photo / DR

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