Où vivent les plus pauvres ?
42 % des personnes pauvres vivent dans les grands centres urbains, bien plus que dans les zones rurales qui en rassemblent 13 %. Une analyse extraite du Centre d’observation de la société.
Publié le 30 avril 2025
https://www.inegalites.fr/Ou-vivent-les-plus-pauvres - Reproduction interditeLes pauvres vivent-ils en ville ou à la campagne ? Ce sujet fait l’objet d’intenses polémiques depuis plus de dix ans. De nombreuses études réalisées sur le sujet montrent pourtant toutes que les plus démunis vivent d’abord dans les grandes villes. Une étude récente de l’Insee [1], qui décompose le territoire en fonction de la densité de population, apporte de nouvelles informations.
La pauvreté selon le type d'habitat Unité : % | ||
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Taux de pauvreté | Part dans la population pauvre | |
Grand centre urbain | 17,6 | 41,5 |
Urbain de densité intermédiaire | 16,9 | 32,7 |
Habitat périurbain en milieu rural | 9,8 | 12,2 |
Milieu rural isolé | 14,4 | 13,3 |
Ensemble | 15,0 | 100 |
Source : Insee – Données 2022 – © Observatoire des inégalités
Le taux de pauvreté est le plus élevé dans les grands centres urbains, ceux qui se constituent autour d’un pôle urbain comportant au moins 50 000 habitants (on y retrouve toutes les métropoles). Il y atteint 17,6 % alors que la moyenne française est de 15 % en 2022, selon l’Insee [2]. Le taux de pauvreté est de 16,9 % dans les centres urbains moins denses, constitués autour de pôles urbains de 5 000 à 50 000 habitants (des villes comme Saint-Nazaire, Montauban, Bastia, etc.). Il est le plus faible dans l’habitat pavillonnaire périurbain en milieu rural (9,8 %), puis il remonte dans les campagnes isolées (14,4 %) mais demeure bien moins élevé qu’en ville. Au total, les villes rassemblent les trois quarts des personnes pauvres. À eux seuls, les grands centres urbains en représentent 40 %. 12,2 % sont logés dans le périurbain rural et 13,3 % en milieu rural isolé.
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Les données de l’Insee contredisent depuis des années la thèse d’une France abandonnée vivant au loin des villes. C’est surtout au sein de ces dernières que vivent les plus démunis. L’étude des niveaux de vie occulte souvent l’effet de la densité de population. Pour le visualiser, on peut utiliser l’outil mis en place par l’Observatoire des inégalités, qui permet de mesurer le nombre de ménages pauvres à partir de carrés de 200 mètres de côté.
Les plus pauvres vivent en ville, parce que c’est là qu’on vient chercher du travail, notamment quand on est jeune. C’est aussi là que se situent les logements HLM, construits pour accueillir les familles modestes. Certains quartiers connaissent de graves difficultés sociales avec des taux de pauvreté qui dépassent 50 % voire 60 %, d’où la mise en place de ce qu’on appelle « la politique de la ville », avec des quartiers dits « prioritaires » pour tenter d’en améliorer la situation.
Hors des villes, tout ne va pas pour le mieux pour autant. En milieu rural, l’accès à l’emploi est plus difficile. On compte aussi davantage de personnes âgées démunies, qui ont peu de perspectives. Au-delà du niveau de vie, on y vit plus loin des commerces, des loisirs, des manifestations culturelles, des services publics, par exemple pour étudier ou se faire soigner. Ce que l’on acceptait autrefois comme une fatalité devient plus difficile à l’ère de la circulation des images et de l’information.
Remettons les choses dans l’ordre. Les plus graves difficultés se trouvent sans contestation possible en ville, toutes les données le montrent. Et en particulier dans certains quartiers HLM. Pour autant, on aurait tort de se désintéresser des difficultés structurelles des territoires éloignés des grandes villes.
Extrait de « Où vivent les plus pauvres ? », Centre d’observation de la société, 15 avril 2025.
Photo / CC BY-SA Chabe0&, Wikimedia commons
[1] « Pauvreté monétaire, privation et difficultés financières : des situations qui ne se recouvrent que partiellement », Insee Analyses n° 107, Insee, 8 avril 2025.
[2] Ce dernier chiffre, un peu supérieur aux autres données de l’Insee, est obtenu à partir d’une source différente. Il est établi au seuil de 60 % du niveau de vie médian.
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